1999, DELAFOND, DESTAIS, HAN, TOULMAN, XURIGUERA, Textes de présentation de l'exposition au musée Paul Valéry, Sète

LAVIS
Martine Martine travaille le lavis comme la peinture, dans une palette sobre et nuancée de gris, d'ocres, de blancs. Des fonds volontairement indéterminés et mouvants, traités en touches mobiles projettent le sujet au premier plan. Avec autorité, elle cerne les corps d'un trait vigoureux rendant les volumes par une intensité variante de la lumière. Tour à tour d'une grande sensibilité ou plus affirmée, l'écriture conserve toujours le même poids d'émotion, d'humanisme.

N.L

 



Dans ses grands lavis, elle traite également de l'homme, ou plutôt de groupes humains, sil1on de corps dévêtus saisis dans d'étranges postures, tête-bêche, arcboutés, agglutinés les uns sur les autres dans une mêlée crépusculaire, au sein desquels s'inscrivent des visages au regard vide, mangés par l'ombre alentour. Une lumière phosphorescente éclaire ces faces énigmatiques et parfois met l'accent sur d'autres secteurs anatomiques, pendant que l'espace en aval se couvre de filaments et l'espace en amont de présences indistinctes, qui se définissent des atmosphères empreintes de sourds présages.
Gérard XURIGUERA

 


 


Dans ces dessins au pinceau où l'homme se réduit à des formes anonymes, l'essentiel réside dans le geste qui appuie ou devient léger pour suggérer le volume et le mouvement, sans s'arrêter à la précision des détails. La technique du lavis lui permet d'oublier, comme dans ses sculptures, le côté fini, léché de la peinture à l'huile.
Tessa DESTAIS - Marianne DELAFOND

 



Dans ses grands lavis, l'espace scénique prend une dimension théâtrale : la juxtaposition des plans efface les fonds qui se dissolvent dans les emportements chromatiques. l.' action se mêle au décor, les couleurs sourdes ou lumineuses dévoilent des bleus livides qui contrastent avec des bruns bourbeux, cernés de noirs, vives aux teintes ardentes, dont l'ensemble se coagule dans les superpositions de couches. C'est là que l'oeuvre de Martine prend son expression plus dramatique. Elle crée ainsi une mythologie bien à elle, ou réuniscences autobiographiques et aspirations poétiques fusionnent dans une synthèse gorgée de forces terrestres et de séduction robotative.
Su e - Y o u n g H A N

 



SCULPTURES
Sa sculpture, levée par des rythmes tendus et des assauts martelés de la main, constituée d'épidermes ravinés coulés dans le bronze, ne distille pas de calmes harmonies, bien qu'elle respecte l'équilibre des opposés. Rude, heurtée, hérissée de menus accidents, légère et compacte, puissante et fragile, elle glorifie la figure humaine sans la déstabiliser, mais en transfigurant sa morphologie par les effets précis du modelage. Ce qu'elle souhaite, c'est faire passer le sentiment par un acte naturel inséparable du corps à corps charnel entretenu avec la matière.
Gérard XURIGUERA

 



- "... Martine se fie à son instinct propre, cherchant dans un élan dynamique à rendre visible dans la matière solide la vie même, qui habite le corps et coule tout le long du squelette, accentuant ainsi le geste impulsif qui l'anime."
Moussia TOULMAN

 




Les nus de Martine, assis ou bien debout, n'appellent aucune lascivité mais traduisent seulement le mouvement du corps dans sa densité, ou bien se déchaînent au rythme d'une bizarre mélopée, telle ces "sculptures dansantes" . .. Son univers est celui de la tourmente qui explose et trouve en elle même son élan, et étrangement, loin de la tristesse et de son corollaire la résignation, sculpte une certaine exubérance presque joyeuse et ironique dans le drame, qui dénote le puissant appétit de vivre de son auteur.
Tessa DESTAIS - Marianne DELAFOND